Nous avons le plaisir de vous annoncer que le 26 mai 2021 à 18h15 se tiendra une discussion en ligne, proposée par la Faculté de théologie de l’Université de Genève et l’Institut romand de systématique et d’éthique (IRSE), dans le cadre du cycle de conférences publiques « Spiritualités en dialogue ».
Avec la participation de Leili Anvar et Sylvain Piron.
Jacques Le Brun a été emporté par le coronavirus le 6 avril 2020. Ses amis n’ont pas encore pu lui rendre hommage. Mais depuis l’an dernier, deux livres sont parus : le premier, Le Christ imaginaire au XVIIe siècle, que Jacques Le Brun avait conclu et que les Éditions Millon ont publié en septembre 2020 ; le second, La chapelle de la rue Blomet, texte singulier, lui aussi achevé, et que la collection « Encre Marine » des Éditions des Belles Lettres publie dans ce mois de mars 2021.
C’est dans le sillage de ces deux derniers livres, et dans un premier retour sur ce que fut le travail de Jacques Le Brun, qu’un petit groupe de ses proches propose une rencontre le dimanche 13 juin prochain. Cette rencontre n’est plus dans le moment d’un premier hommage. Elle n’est pas encore dans le temps de tout ce qui se déploiera de l’approche d’une œuvre considérable. Elle sera placée sous le parrainage des deux Écoles au sein desquelles s’est inscrit son travail : l’École pratique des hautes études, dans laquelle Jacques Le Brun enseigna depuis 1978 jusqu’au moment de sa retraite académique, et l’École de psychanalyse Sigmund Freud, à laquelle il consacra une part importante de son activité jusqu’à sa mort ; et de l’École des hautes études en sciences sociales, à laquelle il était également très lié.
Cette rencontre aura lieu entre 14 et 18 heures dans les locaux du Foyer International d’Accueil de Paris (FIAP), 30 rue Cabanis, dans le 14ème arrondissement de Paris. Y interviendront : Jeanne Drevet (École de Psychanalyse Sigmund Freud), Denis Pelletier (École pratique des hautes études), Cristina Pitassi (Institut d’histoire de la réformation), Guy Stroumsa (Université hébraïque de Jérusalem), Eduardo Vidal (Letra Freudiana, Rio de Janeiro), et toutes celles et tous ceux qui souhaiteront prendre la parole. Nous pourrons ensuite nous retrouver ensuite autour d’un verre dans le jardin du FIAP.
Cette rencontre s’adaptera aux contraintes de la période, avec la possibilité d’une connexion à distance. Les conditions de cet accès à distance seront précisées ultérieurement mais nous vous recommandons de réserver dès maintenant ce jour du 13 juin.
Jeanne Drevet, Pierre Antoine Fabre, Jean-Baptiste Le Brun, Denis Pelletier, Marie-Jeanne Sala, Annie Tardits, François Trémolières.
Hildegarde de Bingen naît en 1098 à Bemersheim, en Rhénanie dans une famille aristocrate. A huit ans, elle est confiée au monastère bénédictin de Disibodenburg. Elle y reçoit une éducation intellectuelle et religieuse. En 1136, elle est élue abbesse et se retrouve à la tête de la communauté. Elle connaît une vie spirituelle riche, faite de visions, mais n’en parle pas dans la première moitié de sa vie. En 1141 elle met ses visions par écrit (Scivias). Comme elle n’a pas d’autorité en tant que femme, elle obtient l’appui de Bernard de Clairvaux. En 1149, elle quitte Disibodenburg pour construire son propre monastère à Rupertsberg, près de Bingen. Elle meurt le 17 septembre 1179, laissant une œuvre considérable : ouvrages spirituels, encyclopédies, musique, etc. Elle sera proclamée Docteur de l’Église le 7 octobre 2012 par le pape Benoît XVI.
Miniatur aus dem Rupertsberger Codex des Liber Scivias
Ses grands engagements
En tant que femme, elle se confronte à un enjeu majeur : comment faire entendre sa parole en public ? Lorsqu’elle commence à écrire, à 43 ans, c’est pour elle un acte libérateur qui lui permet d’explorer de nouvelles voies spirituelles. Bernard de Clairvaux l’autorise à écrire pour parler de sa vie spirituelle. Elle est érudite, pourtant dans ses écrits, elle souligne toujours sa faiblesse de femme. Elle transgresse ainsi les frontières que l’époque impose aux femmes, pour garder sa liberté d’expression dans un système patriarcal : son savoir ne vient pas d’elle, mais de Dieu. Cette prétendue ignorance est la clé de voûte de sa vocation apostolique. Hildegarde n’est pas la caricature d’une mystique perdue dans ses extases. Elle fait preuve d’une grande créativité spirituelle et intellectuelle.
Sa modernité et son originalité
Elle va s’émanciper de l’autorité religieuse et monastique en bouleversant de manière originale les rapports de genre de l’époque : sa liberté relative la pousse à fonder son propre monastère. Dans ses écrits, elle ne fait pas seulement le récit de ses visions, elle en donne aussi une interprétation théologique et artistique ; c’est une sorte de théologie en images. Elle s’exprime sur la beauté de la femme, en justifiant théologiquement de la beauté féminine. Sa modernité réside encore dans son approche médicale et holistique du corps. Elle dépasse le cadre d’une approche spirituelle, ne séparant jamais le corps de l’esprit.
Dans son expérience de Dieu, la musique, la lumière et les images sont entrelacées. Ses visions ne sont pas synonymes d’extase, mais une analyse de sa propre vie spirituelle. Elles ne sont pas uniquement le produit de son imagination, elles sont ancrées dans les Écritures. Hildegarde montre l’importance du rapport entre la foi et la raison : pour elle, la raison permet de comprendre la liberté de chacun, notamment quand il s’agit de répondre librement à l’appel de Dieu. Elle porte un intérêt particulier pour la création : « la création est le vêtement de la sagesse. » Elle parle de viriditas [ce qui est vert] comme d’une énergie qui parcourt la création et qui n’est pas statique, car on y trouve une vitalité toujours en lien avec le Créateur.
À méditer…pour illustrer sa pensée
« Je vis de l’air éclatant, dans lequel j’entendis, au-dessus de toutes les images que j’ai évoquées, toute sorte de musiques merveilleuses, et ce concert, comme la voix d’une multitude, s’organisant en harmonie de louanges sur les degrés du ciel. » (Vision XIII, Scivias)
« Le créateur est lui aussi lié à sa création, lorsqu’il fait don de la fraîcheur verdoyante et de la force féconde de vie. (…) C’est pourquoi la création, dans l’intimité de son amour, peut s’adresser à son créateur comme à un bien-aimé. (…) L’être humain représente l’idéal de la création et il est plénitude de toute création. Au plus profond de son âme, il réclame le baiser de son Dieu. » (Livre des œuvres)
Pour aller plus loin
Hildegarde de Bingen, Scivias. « Sache les voies » ou Livre des visions, Paris, Cerf, 1996.
Hildegarde de Bingen, Le livre des œuvres divines, Paris, Albin Michel, 2011.
Hildegarde de Bingen, Lettres, Grenoble, Jérôme Millon, 2007.
Nous avons le plaisir de vous signaler la parution aux Editions Jérôme Millon du dernier livre de Jacques Le Brun, consacré aux représentations de Jésus dans la littérature spirituelle du XVIIe siècle.
Jacques Le Brun,
Le Christ imaginaire au xviie siècle
(Jérôme Millon, 2020)
Lorsque le Covid-19 l’a emporté en avril 2020, Jacques Le Brun venait tout juste d’achever cet ouvrage profond et intellectuellement passionnant qui ne manquera pas de susciter l’intérêt et la curiosité des lecteurs.
Jacques Le Brun en octobre 2018. Photo J. Panconi. Opale. Leemage
Voici la présentation de l’éditeur:
« Ce livre n’est pas consacré à la présentation de la théologie, de la spiritualité, de l’iconographie de Jésus-Christ au XVIIe siècle, domaines déjà étudiés par d’importants travaux. Il s’attache à des figures qui peuvent paraître marginales, récits apocryphes encore objets de croyance à l’époque classique, dévotions anciennes ou nouvelles au corps physique du Christ, cœur, plaies, traces visibles, amplification des sobres témoignages évangéliques sur l’Enfance de Jésus. Ces représentations, textes ou images, ont pu être à l’origine de dévotions de grande diffusion ou être tombées en discrédit ; elles sont des témoignages importants sur la pensée et les affects des fidèles, individus ou groupes, érudits ou simples, et ne peuvent être considérées sous la catégorie vague et condescendante de religion populaire ou de superstition. Ces permanences ne doivent cependant masquer de profondes mutations qui s’annoncent, se manifestant, souterrainement ou déjà ouvertement à la fin du siècle. »
Pour plus d’infos, nous vous invitons à visiter le site web des éditions Jérôme Millon
Envie de découvrir la spiritualité à l’ère du numérique ? L’Université de Genève propose un nouveau cours d’introduction à la spiritualité offert entièrement en ligne et ouvert au public : des podcasts en libre accès, des ateliers et débats sur Zoom, et bien d’autres encore ! Parmi les thèmes étudiés : la méditation, la simplicité, le silence, etc.
La spiritualité séduit. Aujourd’hui plus qu’hier, et peut-être moins que demain. Méditation, retraites en silence, et bien d’autres pratiques où l’intériorité est explorée connaissent un succès grandissant dans nos sociétés sécularisées. Mais que cache cette soif spirituelle ? Une quête de sens, de soi ou de Dieu ? Quelle est la spécificité des spiritualités issues des trois monothéismes par rapport au syncrétisme spirituel observé à l’époque contemporaine ? Ou encore : les spiritualités juive, chrétienne et islamique suivent-elles des sentiers distincts ou sont-elles mues par une aspiration commune ?Lire la suite →
Comme en témoigne le parcours de maintes figures féminines du passé, l’expérience spirituelle annonce l’émergence d’une nouvelle identité personnelle dont l’insertion dans le contexte social et culturel a souvent comporté un moment de rupture avec l’ordre établi. Mais peut-on parler d’une spiritualité au féminin ou est-ce que la notion de « sujet spirituel » ne serait que le produit de circonstances historiques liées aux rapports de genre et de pouvoir ? Dans ce cours nous allons découvrir la vie et la pensée de quelques figures majeures de la spiritualité chrétienne du Moyen Âge et de la première modernité.
Il donnera l’occasion de s’interroger sur la façon dont les femmes ont habité la spiritualité et de considérer les enjeux sociaux et genrés.
Vient de paraître aux éditions Honoré Champion un volume qui ne manquera pas de susciter l’intérêt de celles et ceux qui s’intéressent à la mystique:
MAXIMILIANUS SANDAEUS, UN JÉSUITE ENTRE MYSTIQUE ET SYMBOLIQUE
Études suivies de l’édition par Mariel Mazzocco des annotations d’Angelus Silesius à la « Pro Theologia Mystica Clavis ».
Sous la direction de Ralph Dekoninck et Agnès Guiderdoni; textes rassemblés et édités par Clément Duyck (Paris, Honoré Champion, 2019)
Voici la présentation de l’éditeur:
« L’œuvre monumentale du jésuite Maximilianus Sandæus (1578- 1656), actif dans l’Allemagne de la Contre-Réforme, constitue assurément l’une des plus fascinantes et des plus fécondes de l’époque moderne sur la question du langage et de la pensée figurés. Cette oeuvre à la croisée de l’histoire de la spiritualité chrétienne et de l’héritage de la symbolique humaniste s’efforce de justifier théologiquement le modus loquendi mystique tout en établissant une « théologie emblématique ». Les études qui composent le présent ouvrage s’attachent à mettre en lumière ce lien intime entre expression figurée et expérience mystique, ainsi que les sources et la postérité de cette oeuvre. En complément de ces études, ce volume offre pour la première fois une édition des annotations du grand mystique allemand Angelus Silesius (1624-1677) sur son exemplaire de la Pro theologia mystica clavis de Sandæus. »
Vient de paraître dans la collection de La Pléiade, chez Gallimard:
Ecrits spirituels du Moyen Âge
Édition et trad. du latin par Cédric Giraud
Voici la présentation de l’éditeur:
« Anselme de Cantorbéry : «Je tendais vers Dieu et je suis tombé sur moi-même!» En propageant par l’écrit différents exercices – lecture, méditation, prière, contemplation –, des clercs ont inventé la spiritualité comme un art de l’intériorité, une manière de reconnaître la présence d’une transcendance dans l’intimité humaine. À la fin du XIe siècle, la spiritualité est à l’origine d’un genre littéraire, la «méditation». Au XIIe, siècle de l’éveil de la conscience et de l’intériorisation, elle devient une technique spirituelle. Du XIIIe au XVe, c’est une tradition proposée au plus grand nombre ; les textes spirituels atteignent des laïcs, hommes et femmes.
Inséparable de l’essor d’une civilisation du livre, le développement de la spiritualité fait du texte le moyen privilégié pour comprendre le monde extérieur et se déchiffrer soi-même. Depuis les méditations fondatrices d’Anselme (XIe s.) jusqu’à la simplicité de l’Imitation du Christ (XVe s.) en passant par l’incendie d’amour de Bonaventure (XIIIe s.), sont ici réunis les écrits les plus diffusés au Moyen Âge. Même s’ils ne relèvent pas de la mystique entendue comme une science de l’âme constituée en discours autonome (qui sera la mystique de l’âge moderne), ils peuvent être à bon droit qualifiés de mystiques.
Quant à leurs auteurs, ils ont en partage la prose d’art latine et une sensibilité littéraire. Pour eux, écrire est en soi un exercice spirituel. Aussi leur prose se lit-elle souvent comme de la poésie. Qu’en faire aujourd’hui? Entre une lecture dans la foi et celle du «développement personnel» (qui est une spiritualité sans Dieu), libre à chacun de mesurer la distance qui nous sépare de ces œuvres, de reconnaître la proximité qu’elles entretiennent avec notre culture, et de se poser les questions qu’elles soulèvent et qui sont toujours les nôtres. »
Nous vous signalons la parution, aux éditions Honoré Champion, du deuxième tome de l’ouvrage collectif:
LE DISCOURS MYSTIQUE ENTRE MOYEN ÂGE ET PREMIÈRE MODERNITÉ
Tome 2: Le sujet en transformation
Sous la direction de Véronique Ferrer, Marie-Christine Gomez-Géraud et Jean-René Valette (Paris, Honoré Champion, 2019)
Voici la présentation de l’éditeur:
« Le présent volume est le fruit d’une collaboration au long cours entre médiévistes et modernistes – littéraires, historiens ou philosophes – ayant pour objet le discours mystique. Il est le deuxième d’une série de quatre : langage, sujet, institution, révélation. Dans la période qui mène du XIIe siècle au seuil des Lumières, le discours mystique s’offre comme un véritable carrefour, dont l’intelligibilité se déploie autour de ces quatre pôles pour former ce que Pierre Gire nomme un carré mystique. Le pôle du sujet est crucial, si l’on songe que la mystique est souvent définie comme une « connaissance expérimentale de Dieu » (Jean Gerson), qui engage l’homme dans un processus de transformation intérieure. L’union déifiante ou la vision jouent un rôle déterminant dans cette dynamique spirituelle, où l’individu s’éprouve en rencontrant le divin. Les études ici rassemblées s’interrogent sur les rapports entre expérience mystique et écriture du sujet, au Moyen Âge et durant la première modernité. »