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Jan_Van_RuysbroeckNous vous proposons quelques extraits tirés des écrits du « Maître de Groenendael », à savoir Jan van Ruusbroec (1293-1381), l’un des plus illustres représentants de la mystique rhéno-flamande

« La vraie foi, embellie par l’amour, telle est la joie la plus intime et la plus élevée que je connaisse pour ce temps-ci » (Ruusbroec, De la foi chrétienne)

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Amour et jouir équivalent à œuvrer et subir.

Dieu vit au-dedans de nous avec sa grâce : il nous enseigne, nous conseille, nous commande d’aimer. Et nous vivons au-dedans de lui, au-delà de la grâce et de nos œuvres, là où nous subissons et jouissons. En nous vivent la connaissance, l’amour, la contemplation et le penchant ; et au-delà de tout ceci vit la fruition.

Notre ouvrage est d’aimer Dieu ; notre fruition, de subir l’étreinte dans l’amour de Dieu.

Entre amour et fruition, et Dieu et sa grâce, la distinction est la même.

Lorsque nous adhérons à Dieu avec amour, nous sommes esprits. Mais lorsqu’il nous fait rendre l’esprit et nous transforme avec son propre Esprit, nous sommes fruition.

(Les sept degrés de l’amour)

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7974657410_217225be6cTous les esprits qui aiment sont pourtant une seule fruition et une seule béatitude avec Dieu, sans différence. Car cette essence bienheureuse, qu’est la fruition de Dieu et de tous ses bien-aimés, est si intégralement simple qu’il n’y a en elle ni Père, ni Fils, ni Saint-Esprit, selon la distinction des Personnes, ni aucune créature. Car tous les esprits éclairés y sont élevés au-delà d’eux-mêmes dans une fruition sans mode, qui est la surabondance au-delà de toute plénitude qu’aucune créature n’a jamais reçue ni ne pourra jamais recevoir. Car tous les esprits surélevés y sont, dans leur sur-essence, une seule fruition et une seule béatitude avec Dieu, sans différence. La béatitude y est tellement simple qu’aucune distinction ne saurait jamais y être introduite.

(Livre des éclaircissements)

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Grâce à l’amour, nous sommes établis dans l’entière richesse naturelle à Dieu, et Dieu est établi en nous, grâce à cet amour sans mesure qui est le Saint-Esprit. Car en cet amour se savoure tout ce qui se peut désirer. C’est donc grâce à cet amour que nous sommes morts à nous-mêmes et que nous sommes sortis de nous-mêmes, dans un écoulement d’amour, vers l’absence de mode et vers la ténèbre.

(Les Noces spirituelles, III)

[Nous citons d’après l’édition des Ecrits de Jan Van Ruusbroec de l’Abbaye de Bellefontaine, Bégrolles-en-Mauges, 1990-1999, traduction française de Dom André Louf]