Tour à tour dévoré par la soif
Ou s’abreuvant à la source,
Traverse sans dommage l’aridité
Ou les riches floraisons.
L’écoulement des saisons
Ne le touche point.
Au fond du gouffre de l’absence
Comme sur les cimes de l’union,
Son cœur reste serein
Et tel qu’en lui-même
(Chant XIV, 13)
***
D’avoir si mal : bientôt viendra la floraison ;
Il vous sera donné de braver les tempêtes
Et d’accoster les plages luxuriantes
Où s’unit à jamais l’Aimant à l’aimé :
C’est là, âmes fidèles, pour vous la promesse.
(Chant IV, 6)
***
Toute âme vaillante, se jette
Aux abîmes de l’Amour
Dont nul ne sonde les profondeurs ;
Mais une longue privation ronge ses forces,
En sorte qu’elle ne guérit que lentement.
Alors qu’elle se croit comblée d’expérience
L’Amour, plus que jamais
Devient inconnaissance
Et la nostalgie la brûle et la déchire
***
Pour l’Amour, jamais encore, rien ne fut perdu
De ce que fit pour lui un cœur aimant ;
Que ce soit tôt ou tard,
L’Amour toujours récompense ;
L’Amour, en tout temps,
Se met du côté de l’aimant.
Avec tendresse il vit les mœurs de ceux qui aiment ;
Et s’il est si exigeant,
C’est pure munificence.
Pourtant il est vrai que dans sa clairvoyance
A tout vivant il demande
De mourir à lui-même
(Chant XXXIV, 4)
[Amour est tout. Poèmes strophiques (trad. fr. Rose Vande Plas), Paris, Téqui, 1984.]