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Jean-Jacques Olier naît à Paris le 20 septembre 1608 dans une illustre famille de la haute magistrature, qui habite le quartier du Marais. Après avoir brillamment suivi le cursus des études philosophiques dans le prestigieux collège d’Harcourt, en 1627 il entre en Sorbonne pour étudier la théologie. En février 1629, lors de la foire de Saint-Germain, sortant d’une taverne avec deux compagnons, Olier est arrêté dans la rue par la femme d’un marchand de vin du quartier, la mystique Marie Rousseau, qui lui reproche sa vanité et sa vie mondaine. Par la suite Olier reconnaîtra être redevable à cette femme de sa « première conversion ». Désormais bachelier en théologie, en 1630 il décide de se rendre à Rome pour étudier la langue hébraïque. Tombé malade et craignant de perdre l’usage de la vue, il entreprend le pèlerinage à Notre-Dame de Lorette, où il est soudainement guéri et connaît « le coup le plus puissant de sa conversion ». Retourné à Paris en 1631, se sentant appelé à la prédication populaire il abandonne ses études malgré l’avis défavorable de sa famille. Ayant pris Vincent de Paul comme directeur spirituel, il s’oriente vers le clergé séculier et le 21 mai 1633 il est ordonné prêtre. Soucieux de se faire actif artisain du renouveau du christianisme, à partir de l’année suivante il entreprend divers missions apostoliques dans les campagnes françaises. En 1639, après avoir refusé une deuxième nomination épiscopale, il tombe dans une profonde crise spirituelle et psychologique qui durera jusqu’en 1641. Une fois son enthousiasme retrouvé, en décembre 1641 il décide de fonder avec ses deux fidèles compagnons, François de Caulet et Jean du Ferrier, un séminaire à Vaugirard, alors à l’extérieur de Paris. C’est dans ce climat qu’en juin 1642 un événement inattendu se produit : Olier devient curé de la paroisse de Saint-Sulpice, à l’époque étendue sur tout le territoire du faubourg Saint-Germain. La petite communauté de Vaugirard se transfère aussitôt à Saint-Sulpice.
Homme à la fois contemplatif et actif, Olier s’engage ainsi dans le renouvellement de la société de son temps (aide aux pauvres, lutte contre la pratique du duel, la prostitution et la magie, service de catéchèse, fondation de séminaires, etc.). Le 23 octobre 1645 l’abbé de Saint-Germain autorise l’établissement officiel du séminaire qu’il érige en communauté ecclésiastique. L’intuition de constituer une « compagnie de prêtres » dont la tâche principale serait l’enseignement et la formation de clercs se concrétise. Grâce au rayonnement apostolique des « sulpiciens », divers séminaires sont ouverts en France et jusqu’au Canada, où ils débarqueront peu après la mort de leur fondateur, survenue prématurément le 2 avril 1657.

« De la Possession divine » (1465) ©Archives de Saint-Sulpice/cliché Mariel Mazzocco (manuscrit autographe publié in J.-J. Olier « Tentations diaboliques et possession divine », Paris, H. Champion, coll. « Mystica », 2012).
Le fondateur de Saint-Sulpice estimait Dieu l’auteur principal de son œuvre, tant littéraire (traités, journal, notes et conférences) que religieuse (le renouveau de la paroisse, sa Compagnie de prêtres, les Séminaires, etc.). Malgré ses nombreuses tâches, Monsieur Olier a été un écrivain prolifique. Dans sa chambre sombre, pendant la nuit ou à l’aube après l’oraison, il prenait la plume pour décrire sa vie spirituelle. Dans les chemins sauvages de l’écriture mystique, il suivait les traces invisibles de l’Autre, le « mouvement secret » d’une Divinité introuvable. Sa feuille blanche se confondait avec les ailes transparentes des anges dont il aimait écrire, ou encore avec la lumière éblouissante dans laquelle baignaient ses mots jaillis d’Ailleurs. Dans le geste graphique, c’est alors un monde intérieur inattendu qui prenait forme. Pour lui écrire était à la fois un exercice de détachement spirituel et la construction d’une relation, d’abord avec l’Autre (Dieu), puis avec les autres (les êtres humains). La vocation de son message étant universelle, il était convaincu que ses mots ne lui appartenaient pas : ils étaient destinés à survoler le monde.
« J’expose librement la plus pure sagesse de mon Dieu et veux bien que tous sachent les mêmes choses que Dieu m’a fait la grâce de m’apprendre par la plume et la bouche, par parole et par écrit. Je veux communiquer ce qu’il a plu à Dieu de me faire connaître de sa vérité et je souhaite qu’elle soit répandue dedans le cœur de tout le monde, et surtout de ceux qui doivent enseigner. » (13 mars 1643)
Indications de lecture pour aborder l’auteur
J.-J. Olier, L’âme cristal. Des attributs divins en nous, édité par M. Mazzocco, préface de J. Le Brun, Paris, Seuil, 2008.
J.-J. Olier, De la Création du monde à la vie divine, éd. M. Mazzocco, Paris, Seuil, 2009.
M. Mazzocco, Les petits mots d’un aventurier mystique, in Tentations diaboliques et Possession divine, Paris, H. Champion, coll. « Mystica », 2012, p. 137-280.
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